Kelly du Cameroun : du rêve au diplôme de master grâce à BRS

07 octobre 2025

« En fait, je n'ai pas de mots pour le décrire... » Voilà ce que répond Marlenkelly Vershiyi lorsqu'on lui demande comment elle a vécu sa collaboration avec l'équipe de BRS. Mais le large sourire qu'elle affiche en prononçant cette phrase et son visage rayonnant en disent long. La stagiaire camerounaise – Kelly pour les intimes – était en tout cas particulièrement appréciée chez BRS. Quel regard porte-t-elle sur cette expérience ? 

Mes grands-parents

« Le monde financier m'a toujours fascinée, c'est pourquoi j'ai étudié les sciences économiques et financières au Cameroun. Mais grâce à mes connaissances en informatique, j'ai décroché un emploi en tant que développeuse de logiciels. Cependant, c'est la finance qui m'intéressait. Et plus précisément la microfinance. 

Dans la région rurale où j'ai grandi, j'ai vu les opportunités que celle-ci créait pour les personnes ayant peu de moyens, en particulier pour les femmes. Elles ne peuvent pas s'adresser aux banques ordinaires, mais grâce aux microcrédits et aux micro-assurances, elles parviennent à construire quelque chose et à avoir leur propre revenu. 

Mes grands-parents, qui m'ont élevée, ne connaissaient malheureusement pas l'existence de la microfinance. Ils ont dû se battre pour joindre les deux bouts et ils ont dû se démener pour m'offrir la possibilité de faire des études. Même un petit crédit aurait pu faire une immense différence pour eux. 

En raison de cette expérience personnelle, j'ai été immédiatement intéressée lorsque j'ai appris qu'il existait un master en microfinance à Bruxelles. Ma candidature a été retenue et grâce à l'ARES (Académie de Recherche et d'Enseignement Supérieur) j'ai obtenu une bourse d'études. J'étais si heureuse ! C'est ainsi que je suis arrivée en Belgique en septembre 2024 pour commencer mes nouvelles études. 

Une grande étape

Quitter ma famille et mon environnement familier pour un pays étranger, une nouvelle culture, avec des gens que je ne connaissais pas n'a pas été facile. Mais c'était une opportunité incroyable et je suis très reconnaissante d'avoir pu acquérir des connaissances et de l'expérience dans un pays plus développé. Pour ensuite pouvoir apporter quelque chose à mon pays d'origine et à ses habitants avec cette expérience supplémentaire. 

La vie au Cameroun n'est pas facile. La corruption est très présente. Cela signifie que même avec un bon diplôme et d'excellentes qualifications, il est difficile de trouver un emploi. Il y a également la violence, une guerre civile qui fait rage depuis des années dans la partie anglophone du Cameroun. Les maisons sont incendiées, les écoles fermées, les activités sociales et les rassemblements interdits. Des milliers de personnes - dont ma famille - sont contraintes de fuir vers la partie francophone du pays. Elles doivent ensuite repartir de zéro. Elles n'ont plus rien, pas même un toit au-dessus de leur tête. Ma famille était très heureuse que je puisse partir étudier en Europe. Heureuse et fière. 
Voilà ce que je veux faire !

C'est grâce à ce master en microfinance que j'ai découvert BRS, en tant qu'organisation partenaire de l'Institution of the European Microfinance Program. Kurt Moors, coordinateur de programme BRS, y enseigne également. Lorsqu'il a présenté leur projet de stage, j'ai tout de suite su que c'était ce que je voulais faire ! Il s'agissait d'une étude portant sur les logiciels qu'ils développent dans le cadre du projet Microfact pour les institutions de microfinance (IMF) : Microvision et MFI Factsheet. Des outils qui permettent aux IMF d'avoir une meilleure vue sur leurs chiffres. Avec ce projet, je pouvais mettre à profit tous mes intérêts, mes talents et mes capacités. J'ai été très heureuse qu'ils m'acceptent comme stagiaire. 

Ma mission portait concrètement sur Microvision, un outil permettant de réaliser des projections financières. J'ai dû me renseigner sur les autres outils disponibles sur le marché, sur l'intérêt des IMF à travailler avec Microvision et sur l'utilisation réelle de l'outil une fois que les IMF y ont été formées. J'ai parlé à des IMF, à des investisseurs, à des consultants. Et grâce à tout cela, j'ai pu formuler un certain nombre de recommandations à l'intention de BRS. 

Qui l'aurait cru ?

Ce travail de recherche m'a beaucoup apporté. Je connaissais la pratique de la microfinance principalement du point de vue des IMF et de ma propre vie en Afrique. Au cours de mon stage, j'ai découvert un tout autre monde : celui des organisations européennes qui investissent dans ces IMF et les aident à se développer.
La simple existence de ces organisations en Europe a été une grande surprise pour moi. En Afrique, nous ne savons pas que des investissements sont faits dans la microfinance depuis l'Europe. Que des organisations comme BRS aident les IMF du Sud à atteindre davantage de personnes, à se développer et à devenir autosuffisantes. Cette découverte m'a beaucoup touchée.

Ils me manquent tellement

En ce qui concerne la collaboration avec les collègues de l'équipe BRS, il y a une chose que je me dois de dire : ils me manquent beaucoup ! Ce sont des gens extraordinaires !

Mon expérience avec BRS n'a rien à voir avec les histoires négatives qui circulent en Afrique sur ce que c'est que de travailler en Europe en tant qu'Africain. J'ai reçu un accueil très chaleureux. Dès le premier jour, l'équipe m'a donné le sentiment que j'étais à ma place. Les collègues étaient là pour m'aider et prenaient toujours le temps de répondre à mes questions. En particulier Jarek, mon superviseur. Je me suis vraiment sentie la bienvenue.  

Maintenant que mon stage est terminé, ils me manquent beaucoup. Je n'ai pas de mots pour exprimer ce qu'ils représentaient pour moi, mais quand je pense à eux, je souris. 
Ce que je retiens de la Belgique ? La facilité avec laquelle il est possible de se déplacer en transports en commun ici. Vous montez dans le train et avant même de vous en rendre compte, vous êtes dans une autre ville. Et oui, la météo, bien sûr ! Le froid ici n'est pas à prendre à la légère. En tant que personne venant d'Afrique, il est impossible de s'y préparer. On ne peut même pas se l'imaginer. 

Un travail avec de l'impact

Maintenant, je peux officiellement dire que j'ai un master en microfinance. Ma famille est très fière de moi. Lorsque je leur ai dit que j'avais obtenu la deuxième meilleure note de ma promotion et en plus avec distinction, ils étaient très heureux. 
Je suis en train de postuler activement maintenant. Idéalement, j'aimerais travailler pour une organisation qui soutient les IMF dans leur croissance. Et je veux vraiment être active sur le terrain, dans la pratique de la microfinance. Quel que soit mon avenir, je veux un travail qui ait un impact. Et avec lequel je peux aider les gens au Cameroun. »