Comment lancer une mutualité à Kinshasa ?

Créer une mutualité en RDC ?

Ce n’est pas si évident ! Et ce n’est pas le récit du voyage d’affaires que Paul Vanheuverzwijn a entrepris pour BRS il y a quelques années qui va vous dire le contraire. Heureusement, les initiateurs peuvent compter sur le soutien du CGAT. 

Quiconque relie le centre de Kinshasa à l’aéroport de Ndjili, verra sur sa droite la commune de Masina, où la route très fréquentée se transforme petit à petit en une route de poussière, de terre et de gravier. 800 000 habitants. Une commune de Kinshasa située en dehors des grands boulevards du centre, plus aisé. Bien que pauvre, elle n’est sans doute pas la partie la plus pauvre de la ville.

Nous nous promenons dans les ruelles de terre. Il fait chaud et sec, tout le monde est dans la rue. À gauche et à droite, les gens tentent de gagner un peu d’argent en vendant des fruits, du poisson noirci, des chaussures et des vêtements d’occasion. Et oui, eux aussi sont là : les omniprésents mouchoirs en papier de chez Colruyt.

Dans une cour intérieure, lieu de rencontre de l’une des nombreuses églises actives à Kinshasa, nous discutons avec Madame - Maman - Esther Fifi Ulabila, Fifi pour les intimes. Elle est secrétaire du Comité d’Initiative des Mutuelles de Santé de Masina. Le quartier pensait depuis longtemps à créer une mutuelle de santé, mais ce n’est qu’avec l’arrivée d’une ONG qu’ils ont osé mettre en place un Comité de neuf membres.

Les soins de santé étant très chers à Kinshasa, beaucoup de gens vont trop tard chez le médecin, voire pas du tout. Ou bien ils vont chercher des médicaments sans ordonnance dans l’une des nombreuses pharmacies, où l’on vend souvent de la camelote. Ou bien ils se réfugient auprès de guérisseurs traditionnels ou religieux.

La santé n’a pas de prix

Sous la devise « La santé n’a pas de prix », le Comité veut lutter contre le haut taux de mortalité. Mais comment faire, dans une culture où l’on vit au jour du jour, et où la solidarité s’arrête aux frontières de la famille élargie ? Ou avec l’expérience de tant d’escrocs qui ont un jour créé une mutuelle de santé et ont ensuite disparu dans la nature avec l’argent collecté ? Heureusement, le Comité a reçu le soutien du CGAT. Le CGAT est un centre qui accompagne les mutuelles de santé dans la gestion des risques et leur apporte un soutien technique. Créé par les Mutualités Chrétiennes Francophones, le centre bénéficie à son tour du soutien technique de BRS. 

Maman Fifi poursuit. Elle est très heureuse de l’arrivée du CGAT, un partenaire fiable et compétent. Le Comité a reçu une formation approfondie sur les principes et le fonctionnement d’une mutuelle de santé et, de concert avec le CGAT, il travaille à la définition du « produit » que la nouvelle mutuelle de santé offrira à Masina. 

Voici comment tout cela prend forme : 23 groupes de discussion composés de 15 résidents chacun tentent d’estimer la fréquence à laquelle ils demanderont ou pensent demander une aide médicale (il n’y a pas de statistiques). Ils déterminent ce qui est prioritaire en termes de couverture (uniquement les soins ambulatoires et les accouchements, ou également la chirurgie et l’hospitalisation ?), quels établissements de santé doivent être proposés, et combien ils peuvent dépenser. Ils examinent également le revenu des familles qui s’affilient. Pour ce faire, ils évaluent le comportement de dépense des familles en question. Deux dépenses frappantes sortent du lot : la communication (GSM) et la bière. 

Il s’agit en fait d’un exemple frappant du développement de produits. 

Maman Fifi et le Comité sont à la recherche d’une couverture qui reste aussi abordable que possible dans ce contexte. Et ils sont ambitieux : six mois après la création de la mutuelle de santé, ils veulent avoir 5000 affiliés. Une fois encore, ils travailleront de concert avec le CGAT pour élaborer une campagne solide.